trait noir d’horizon
surmonté d’un demi-cercle
qui deviendra cercle
se hissant lentement
fatalement
le plus haut possible
dans le ciel
tous les jours
jusqu’à la fin du monde
au-dessus la voûte bleue
en-dessous le vaste foncé
glissant parfois vers le vert
entre les deux univers
de fines couches orangées
tampons ouatés
entre deux mondes
tous les matins sans musique
à l’heure à peine glissante
se déroule la même lente
et belle cinématique
rien ni personne d’autre
pour la goûter
pas même un cri d’oiseau
silence de pleine mer
sauf ce léger bruissement
de brise tiède
aux multiples futurs
et si en plus ce jour-là
la mer est plate
l’homme vivra
il le sait
la seule expérience possible
du paisible infini
conscient de son humble position
invité du dernier rang
quand la nature oxygène
l’âme du marin
il respire sans fards la splendeur
du plus beau spectacle du monde
chaque jour
minimaliste
le même scénario
et pourtant chaque jour
une émotion différente
étreinte de vérité
crainte de faiblesse
offrande de beauté
mystère de demain
bout d’éternité
dans un bout d’âme
fenêtre ouverte
sur l’absolu
debout sur le pont
tête haute
main serrant la filière
dire merci
parfois à l’aube
les couleurs grimacent
vers le plus noir
le vent a choisi de forcer
la mer aussi se fonce et bouge
secouée par en-dessous
du bruit plein les oreilles
ça siffle et ça tape
beaucoup de travail
les mains prises
pas le temps de rêver
mais le marin le sait
là-bas derrière la brume
et la barrière de pluie
même dans le gris
et la lourde fureur
le disque se lève encore
et encore
immuable beauté
de la nature
sans spectateur
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